Château pour les Playmobils

Un projet ambitieux de château, imaginé et contruit de toutes pièces par Jacques Boulay

Jacques a réalisé de ses mains un énorme château pour permettre à Antoine, 5ans, de jouer avec ses Playmobils. Ce bâtisseur doué et déterminé m'a fait l'amitié de répondre à quelques questions. Découvrez ce qui suit et vous saurez tout de cet incroyable projet!

Bonjour Jacques, pourriez vous vous présenter en quelques mots ?

J'ai 39 ans, actuellement en reconversion professionnelle... à peu près à partir du moment où j'ai commencé à construire ce château d'ailleurs.

Je suis scientifique à la base, enseignant en biologie (formation doctorale) et désormais je suis dans les métiers du bâtiment (construction bois, conception bioclimatique rénovation, charpente...).

Mes hobbies : le jardin, l'horticulture (j'avais monté une collection de conservation in vitro de plantes carnivores tropicales); actuellement la danse (je donne des cours de tango argentin depuis 10 ans environ), les antiquités, brocantes....

Avant de construire ce château aviez-vous déjà réalisé des choses comparables ?

Non... Quand j'étais plus jeune, j'aimais beaucoup dessiner des plans et des façades de châteaux, j'avais fabriqué un château pour mes playmobils, encastré dans ma bibliothèque. Je me suis toujours intéressé à l'architecture et à l'Histoire.

Vous nous présentez aujourd’hui cet énorme château qui est un véritable rêve pour n’importe quel enfant. Ce projet paraît colossal, comment en avez-vous eu l’idée ?

En fait, c'est une promesse faite au fils aîné de mes amis, Antoine (il avait alors 5 ans). Il avait joué chez moi avec un château-playmobil chiné en brocante. Il me demanda pour son anniversaire un château pour les siens...Je le lui promis. Puis, en accord avec ses parents, je n'ai pas voulu que ce soit quelque chose d'acheté et offert. Je lui ai alors prêté le mien en lui demandant s'il était d'accord que je lui en fasse un.

Comment avez-vous déterminé l'échelle, et la taille que devrait avoir le château?

A cette époque, je m'ennuyais en surveillant mes élèves (j'étais prof.), et je me suis amusé à calculer approximativement la taille d'un véritable château comme moi je le voyais, sur la base d'un playmobil....et le résultat a été autre chose qu'un carré de 50 X 50 cm....

Mais entre imaginer ce château et travailler plusieurs années dessus, il y a une différence. Qu’est-ce qui vous a fait franchir le pas ?

Mon premier jet, construit en polystyrène expansé fut livré la même année, il y a deux ans. Trop fragile pour un jeune garçonnet aux gestes encore maladroits. En revanche il a été la base d'un véritable projet entre Antoine et moi. Il s'est véritablement intéressé à l'architecture ; nous sommes allés étudier les portes de la ville de Provins, lui même m'a communiqué ses souhaits par rapport au château (couverture en ardoise, un pont-levis, des passages secrets....), nous avons longuement discuté des tons de pierres, des différentes structures etc....Ce qui m'a fait franchir le pas est que tout d'abord la parole donnée à un enfant est pour moi quelque chose de sacré, et que je ne voulais surtout pas le décevoir. En même temps quelle richesse pédagogique et quelle aventure !...et qui continue...

Le château est-t-il solide ?

Le crépis a consolidé bigrement la structure tout en lui donnant un aspect minéral très réel....Les créneaux non renforcés par le papier mâché sont fragiles aux chocs... En revanche, il fait preuve d'une très grande stabilité. Il a été testé sur ma terrasse, par coup de vent, le donjon n'a pas bougé....On verra ce qu'il donne avec le temps...Consigne a été donnée par les parents : pas de copain violent et chahuteur !...Il faut qu'il vive désormais...On assurera le service après-vente...Mais je regrette le choix du polystyrène expansé pour les parois...

Son poids et son encombrement permettent-t-ils néanmoins de le transporter ?

Il est transportable...démonté.....Mais il n'est pas si lourd que cela....sa base est portable par une seule personne (elle fait approximativement 150 X 85 X 30), à deux c'est mieux, tout de même... Initialement il était conçu pour pouvoir être glissé d'une pièce à l'autre sans être démonté (la maison est ancienne, et les portes sont larges...) Le socle est une planche de médium, donc lisse. On peut glisser le château sur la moquette. Je pense y rajouter des patines...

Un tel projet doit demander beaucoup d’espace, comment avez-vous fait ?

Certes...et c'était généralement la première réflexion que me faisaient mes amis en voyant le château chez moi : où vont-ils ranger cela ? En fait, comme il est entièrement démontable, il est facilement transportable. Ainsi, que je n'y travaillais pas, il était dans une chambre d'amis. J'ai la chance d'avoir une terrasse d'été abritée. Elle a été mon atelier durant les mois d'été.

 

Vue de la façade du logis ;
escalier d'honneur donnant accès à la salle des gardes, surmonté du balcon de la Grande Salle.
La porte du bas ouvre sur les communs

 

Mis à part votre temps de travail, ce château a-t-il coûté cher à réaliser ?

Quand on apprends, il faut compter le coût de l'apprentissage (achat de matériaux non adaptés, de peintures inutiles...) et on tâtonne. Je pense que si vous avez un enfant qui vous demande un château, et que vous considérez l'aspect financier uniquement (je ne vous parle pas du temps...), je vous conseille vivement de vous précipiter dans le premier magasin venu.... Mais dans le fond, avec l'expérience désormais où on gagne en efficacité, le prix peut devenir très raisonnable...à condition de ne pas être radin sur la marchandise quand celle-ci s'avère être nécessaire. Ce qui m'a coûté le plus cher, ce sont des enduit de maquettistes qui se sont avérés chers et inutiles.

Justement concernant votre travail, avez-vous une idée du temps que vous a pris cette construction ?

Difficile à dire. J'ai l'impression d'avoir évolué par "phases créatives". La première phase fut la première conception du château.
Ensuite,  pour des raisons professionnelles, il est resté en standby pendant plusieurs mois, puis je l'ai repris...et enfin la dernière ligne droite lorsque je m'étais engagé à lui rendre. Entre temps, je lui apportais une partie du château pour lui montrer l'avancée du travail et discuter de point architecturaux...
Je ne regrette pas les périodes de "blanc" car elles ont été des phases de maturations de détails qui n'auraient sûrement pas eu un tel rendu actuellement.
Et puis il y a une part de hasard, comme lorsque Mortimer, le chat, a détruit par accident une partie du château Cela m'a donné l'impulsion pour la reconstruire, mais en mieux.
La dernière phase, avec trois semaines de travail pratiquement sans interruption fut également la plus créatrice techniquement ; j'étais à fond plongé dans ce projet.

Maintenant, je pense qu'un mois de travail sans interruption suffirait....Mais les temps morts de réflexion sont à mon sens tout aussi importants que les temps de réalisation.